Nancy, 29 ans, Strasbourg
Direction la data science avec le portrait de Nancy, une développeuse enthousiaste passionnée de statistiques et d'animaux
Peux tu nous dire qui tu es et ce que tu fais ?
Je m’appelle Nancy, j’ai 29 ans et je suis data scientist à Strasbourg. Je suis spécialisée dans l’analyse de données liées à l’écologie. Je suis passionnée par les animaux en général et j’ai fait une formation en éthologie, qui a pour but l’étude scientifique de leur comportement. J’ai monté très récemment une nouvelle structure avec d’ancien collègues qui s’appelle FaunaStats. C’est un bureau d’étude à double expertise: écologie et statistiques. Un exemple de ce qu’on peut faire, c’est un client qui a fait un comptage d’oiseaux et grâce a des modèles statistiques nous pouvons répondre a certaines de ses questions comme identifier la période d’un pic de migration par exemple. Techniquement, j’utilise quasiment exclusivement des outils autour du langage R. J’aime beaucoup ce logiciel notamment parce qu’il dispose d’une communauté très active et bienveillante.
Peux-tu détailler ton parcours ?
Je viens de Normandie où j’ai passé mon bac. En informatique je pars de loin, pendant ma classe prépa j’ai eu mes premiers cours mais c’était une catastrophe. A la maison, j’avais la réputation de ne pas savoir comment allumer l’ordinateur familial et ce n’était pas très loin de la vérité. En 2012 je commence une formation d’ingénieur en agronomie à Agrocampus Ouest à Rennes. Je suis pendant ma formation de très bon cours de statistiques qui m’ont vite passionnés. Cela a clairement été pour moi une porte d’entrée vers l’informatique, alors qu’au début de ma formation, je ne me voyais pas du tout derrière un ordinateur. Au début je commence avec de la programmation dans des plugins avec des interfaces qui simplifient les choses, puis au fur et à mesure de mon parcours je me perfectionne notamment en apprenant toute seule avec de l’auto formation grâce aux ressources en ligne, jusqu’à être de plus en plus à l’aise et finalement capable de coder toute seule. En 2014, après un stage sur le singe titi aux Etats-Unis où je me découvre un intérêt pour la recherche, j’arrive à Strasbourg pour faire le master en écophysiologie et en éthologie à l’Unistra. Dans ce cadre, je fais un stage dans l’équipe d’éthologie cognitive et sociale sur le campus de Cronenbourg et le master se passe super bien. Le domaine me passionne et je me lance alors dans un doctorat. Je passe alors 4 années en tant que doctorante (qui est un statut à mi chemin entre l’étudiant et le salarié) à travailler sur des questions liées à la complexité des communications vocales chez les macaques. Pour résumer, cela a consisté d’abord à collecter et enregistrer le maximum de cris d’animaux de différentes espèces et ensuite de faire des statistiques en comparant ces données et en tirer des conclusions. J’ai pu enregistrer certains animaux en Alsace et au Pays-bas, mais j’ai collaboré avec d’autres chercheurs du monde entier (Italie, Japon, Indonésie). Pour finir ma thèse, je travaille comme data scientist à 50% à Naturaconsta, un bureau d’étude en écologie toujours à Strasbourg. J’ai soutenu ma thèse avec succès en décembre 2019 et ai continué à travailler dans la société. L’aventure ne dure que quelques mois car en septembre 2020 l’entreprise doit malheureusement fermer. Aujourd’hui je me lance dans l’aventure entrepreneuriale avec FaunaStats.
Quelle est ton expérience avec la communauté en Alsace et le marché du travail ?
A mon arrivée, j’ai trouvé l’accueil des gens en Alsace assez froid, surtout en comparaison avec d’autres culture comme celle aux Etats-Unis qui peut être très chaleureuse. Mais j’ai vite trouvé des gens avec qui je m’entendais bien et aujourd’hui je me plais ici. Pour ce qui est de la communauté, je suis très fière de faire partie des organisatrices du meetup des R ladies Strasbourg. C’est une communauté autour de R, même si on est pas très nombreux, on arrive a faire des meetups régulièrement et l’ambiance est très sympa. Il y a aussi le rendez vous plus généraliste Data Science Strasbourg qui marche bien. J’ai participé à l’organisation du hackathon village de la data en 2019 où j’ai rencontré des gens supers et il y avait une très bonne ambiance. Je suis contente que ces communautés existent car ce n’est pas le cas dans d’autres villes en France, c’est vraiment positif. Pour ce qui est du marché du travail à Strasbourg, il y a des offres sur la data science. Je suis assez optimiste même s’il reste clairement un gap important avec Paris.
Comment as-tu vécu le fait d’être une fille dans ton parcours ?
J’ai commencé des études dans des filières orientées sur la biologie, et continué dans le domaine de l’écologie où il y a souvent plus de filles que de garçons. Il m’est arrivé a plusieurs reprise dans une équipe mixte de me sentir ignorée, quand l’attention autour d’un sujet technique est par réflexe réservée aux interlocuteurs masculins.
Comment occupes-tu ton temps libre ?
J’ai démarré une chaine youtube: Stat’ Apprendra. L’objectif est de rendre accessible les statistiques et la programmation dans ce domaine aux gens qui n’y sont pas du tout familiers. Quand je faisais de la recherche, j’ai eut pas mal de stagiaires en biologie, qui étaient en panique dès qu’il fallait en faire. J’ai eu envie de créer quelque chose d’un peu fun pour les aider à s’initier et progresser.
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